Gérard Pansanel

Je suis né un 29 février sous le signe des poissons à Montpellier en 1952. Mes parents
travaillaient comme projectionniste et ouvreuse dans les salles de cinéma. J’ai donc
passé la majeure partie de mon enfance et adolescence au cinéma, un monde poétique
et imaginaire, et aussi une deuxième maison. J’ai vu quantités de films de tous les pays
qui m’ont ouvert très tôt sur le monde. J’ai continué à être cinéphile le reste de ma vie.
La musique et la littérature sont venues plus tard.
Mon premier choc musical s’est produit vers l’âge de 11 ans en entendant les Beatles à
leurs tout débuts, ils sont d’ailleurs toujours restés une référence absolue pour moi.
Je découvrais dans leur sillage toute la pop anglaise et ses formidables guitaristes
Clapton, Beck, Page, Harrison, Green etc … J’ai alors commencé à étudier la guitare vers
mes 13 ans en autodidacte. Au contact de jeunes musiciens devenus des amis pour la vie
qui gravitaient autour d’un magasin de musique, j’ai vite fait des progrès et j’ai commencé
à jouer avec eux du rock, du blues, du rythmn and blues … Je découvrais aussi
parallèlement Wes Montgomery, Jim Hall, Kenny Burell, Coryell, Mac Laughlin, Hendrix…
J’ai commencé « le métier » à 17 ans dans des orchestres de danse, une bonne école qui
brassait toutes sortes de musiques.
Ma première rencontre déterminante a été Jean-Luc Parodi, pianiste/organiste formidable
qui arrivait de Paris, devenu leader d’un orchestre de danse un peu décalé et qui m’a
vraiment initié au jazz à l’écoute des maitres, de Miles à Chet, de Coltrane à Parker,
d’Ellington à Ornette etc … mais surtout, le 4tet de Charles LLoyd avec Keith Jarrett à été
pour moi un autre choc. Je découvrais là la liberté de l’improvisation. On est en 1970 et il
n’y avait pas d’écoles de jazz, pas vraiment de méthodes et encore moins de YouTube.
Tout se faisait à l’écoute des disques.
Une autre rencontre décisive, Joseph Dejean, merveilleux guitariste d’avant garde disparu
trop tôt, prix Django Reinhart, qui passait parfois à Montpellier, m’a alors pris
fraternellement sous son aile en m’acceuillant chez lui à Paris dès 1975.
J’ai eu la chance en arrivant à Paris de jouer immédiatemment avec Aldo Romano, Bob
Brault (Martin Circus), JC Naimro (Kassav), de faire des séances de studio et de rejoindre
le Big Bazar de Michel Fugain pour 4 ans de tournées autour du Monde. C’est lors d’une
de ces tournées au Canada qu’une autre rencontre importante vers 77/78 allait me faire
changer de route. Celle dans un club à Montreal avec un jeune guitariste qui allait par la
suite devenir une icone, Pat Metheny.
Je suis alors parti étudier en 1981/82 au GIT de Los Angeles avec Joe Diorio, merveilleux
guitariste et être humain avec lequel j’ai eu des rapports très privilégiés et avec également
Robben Ford et Pat Martino. John Abercrombie, avec lequel j’avais tissé quelques liens
d’amitiés et qui reste un de mes guitaristes favoris, m’a souvent aussi là bas prodigué ses
conseils. Rentré en France en 82, j’ai tout naturellement retrouvé mes racines
méditerranéennes pour tracer un chemin personnel entre le jazz sous toutes ses formes,
la liberté de l’improvisation et autres musiques sudistes…
Façon d’affirmer qu’il y a des musiciens qui, parce qu’ils vivent sous la ligne des oliviers,
insufflent à leurs notes la quotidienneté d’une lumière, de parfums, de sons, de rapports
humains.
Nouvelle rencontre déterminante en 1982 avec un pianiste accordéonniste italo sarde de
génie Antonello Salis qui m’a initié à la liberté totale de l’improvisation instantanée. Une
collaboration qui perdure encore aujourd’hui après 40 ans. Beaucoup de concerts à
travers le monde et 7 albums ensemble. Nous avons joué et enregistré tous deux avec
toute la crème du jazz italien : Enrico Rava, Paolo Fresu, Aldo Romano, Roberto Gatto,
Gianluca Petrella, Furio di Castri etc …
Parallèlement, dès les 70’s, je rencontrais à Montpellier deux musiciens avec lesquels
j’allais entamer une collaboration permanente, et qui dure encore aujourd’hui : Michel
Marre, un des pionniers de l’afro jazz occitan, et Doudou Gouirand.

Avec ce dernier nous avons joué avec un grand nombre de grands musiciens depuis les
80’s : Don Cherry, Lester Bowie, Archie Shepp, Enrico Rava, Dino Saluzzi, Billy Hart, Ron
Mc Clure, Johny Dyani, Chris Mc Gregor …
Depuis 84, j’ai enregistré 12 albums sous mon nom et parcouru le Monde avec tous mes
projets ou comme sideman.
Je citerais aussi mon parcours fraternel et musical (concerts et albums) avec Claude
Marti, rencontré en 1980, icone de la chanson occitane, mais aussi écrivain, poète,
conteur d’Occitanie… cette collaboration perdure encore 40 ans après …
En 1989 je rejoins l’ONJ de Claude Barthélémy, formidable guitariste arrangeur pour 2
années merveilleuses de tournées jusqu’au Japon, couronnées par 2 albums.
Depuis ont suivi bon nombre de projets, d’albums et de concerts au fil de ces décennies.
Il serait trop long de citer tous les formidables musiciens avec lesquels j’ai eu la chance
de jouer dans beaucoup de contextes différents, mais j’ai fait une liste non exhaustive de
mon parcours jusqu’à aujourd’hui.

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